Dix ans de prison à faire appliquer par le procureur général, et cinq ans de privation d’accès aux fonctions publiques, du droit de vote et de libération conditionnelle. C’est moins que les 20 ans de détention requis par le procureur.
La cour a conclu que Augustin Matata Ponyo avait « conçu, participé et bénéficié » au détournement de fonds en validant des paiements surfacturés et des travaux non exécutés. Plus de 156 millions de dollars pour le parc agro, et 89 millions de dollars alloués à la construction du marché international de Kinshasa, deux projets qui n’ont jamais abouti. La cour a souligné que Augustin Matata Ponyo avait usurpé les fonctions de ministre des Finances qu’il venait d’occuper avant d’être Premier Ministre. Sans surprise, la cour a ordonné la confiscation des biens de trois hommes au prorata des sommes détournées.
Un jugement jugé « spectaculaire » et « inique » par la défense de Augustin Matata Ponyo. Maître Laurent Onyemba dit attendre le feu vert de son client pour contester la constitutionnalité de ce jugement devant les mêmes juges. Me Laurent Onyemba : « Il y a eu du tout sauf du droit. C’est une juxtaposition de faits isolés du droit. L’arrêt est déconnecté de la vérité et invalide toute crédibilité pour l’image de notre justice. Nous allons introduire, si les clients l’agréent, une requête en inconstitutionnalité de l’arrêt. Nous avons la garantie qu’il s’agit ici d’un procès politique. Cet arrêt ne nous est pas opposable. »
Si Augustin Matata Ponyo est encore libre ce matin, brandissant son immunité de député national. Le parquet général près cette haute cour pourrait très prochainement délivrer un mandat d’arrêt contre l’ancien Premier ministre.
Reste à savoir s’il ne sera pas défendu par l’Assemblée nationale qui avait déjà contesté la poursuite de ce procès sans que la Cour constitutionnelle n’ait sollicité la levée des immunités de l’opposant.
Les deux autres condamnés dans cette affaire sont quant à eux à l’étranger.