La création de la Direction Générale des Élections (DGE) par la junte militaire constitue un acte de défiance à l’endroit du peuple de Guinée. Il s’agit d’une tentative manifeste de verrouiller le processus électoral, d’institutionnaliser la fraude et de préparer un coup de force électoral, au mépris total de la volonté populaire.
Placée sous l’autorité du ministère de l’Administration du Territoire, la DGE devient l’instrument d’un département entièrement inféodé au pouvoir en place. Ce ministère, dont le chef proclame ouvertement son soutien à la candidature du général Mamadi Doumbouya, viole les principes de neutralité, les engagements internationaux de la Guinée, ainsi que les dispositions de la Charte africaine sur la démocratie, les élections et la gouvernance. L’article 25 alinéa 4 interdit explicitement aux auteurs de coups d’État de se porter candidats aux élections de sortie de transition, tandis que l’article 17 exige la mise en place d’un organe électoral indépendant, crédible et consensuel. Ces principes sont également consacrés par les articles 46, 55 et 65 de la Charte de la transition.
Le passé électoral du ministère de l’Administration du Territoire est entaché de graves irrégularités : fraudes massives, falsification de résultats, bourrages d’urnes, bureaux fictifs, usage systématique de la violence. Les mêmes pratiques, portées par les mêmes acteurs, sont en passe d’être reconduites dans un dispositif désormais militarisé. De Conakry aux préfectures, les postes stratégiques sont occupés par des personnes choisies non pour leur compétence, mais pour leur loyauté aveugle au régime.
À cela s’ajoute la mise à l’écart des maires élus, remplacés arbitrairement par des délégations spéciales. Ces nominations, motivées par des considérations politiques et non par l’intérêt général, participent d’une stratégie de contrôle total du territoire en vue d’un agenda électoral illégitime.
Il est temps de cesser de jouer avec la paix et la stabilité de notre pays. La transition n’est pas un blanc-seing pour imposer un pouvoir sans base légale ni populaire. Dans un contexte aussi sensible, toutes les décisions majeures doivent être prises dans le cadre d’un dialogue inclusif, sincère et constructif avec l’ensemble des forces vives de la nation. Gouverner seul, dans l’arrogance et le mépris, ne fera qu’aggraver la crise et nourrir le désespoir d’un peuple profondément attaché à la démocratie.
La paix n’est pas un slogan ; elle se construit sur la justice, l’équité et la confiance. Persister dans la provocation, l’arbitraire et la manipulation mène inévitablement à l’impasse. Il est encore temps d’éviter le chaos, de renoncer à toute ambition autoritaire et de garantir au peuple de Guinée son droit inaliénable à des élections libres, transparentes et crédibles.
Le respect des engagements pris, tant au plan national qu’international, est la condition du respect de notre pays. L’UFDG reste profondément attachée à la Charte de la transition, en particulier à ses articles 46, 55 et 65, et exige leur reconduction intégrale dans toute nouvelle architecture constitutionnelle.
Souleymane Souza KONATÉ
Coordinateur de la Cellule de Communication de l’UFDG
Président de la Commission Communication de l’ANAD