Le véritable journalisme, c’est celui qui éclaire le citoyen et renforce la démocratie en garantissant à chacun le droit de savoir, de comprendre, de participer.
Aujourd’hui, alors que la Guinée tente de se relever des instabilités politiques de ces dernières années, une nouvelle dynamique semble s’amorcer : celle d’un retour à l’ordre constitutionnel. Les autorités affichent leur volonté de restaurer les institutions et de renforcer l’État de droit. Mais une telle ambition ne peut aboutir sans une presse libre et responsable. Car il ne peut y avoir de démocratie sans information, sans débat, sans pluralité d’opinions.
L’égalité des droits, c’est aussi cela : garantir à chaque citoyen la liberté de s’informer et de s’exprimer. C’est reconnaître à la presse un rôle fondamental dans le contrôle citoyen de l’action publique. Une presse muselée, c’est un peuple aveugle. Un journaliste réduit au silence, c’est une vérité étouffée.
La première génération de journalistes d’investigation en Guinée a contribué à faire avancer les idéaux démocratiques. Mais les défis d’aujourd’hui sont nouveaux : promouvoir la bonne gouvernance, dénoncer la corruption, accompagner la refondation de l’État. La presse ne peut relever ces défis si elle est soumise aux pressions, aux intimidations, aux censures déguisées.
Certes, les autorités affichent des intentions louables. Mais les actes doivent suivre. Comment croire à une gouvernance transparente si Habib Marouane Camara peut disparaître pour avoir posé des questions dérangeantes ? Si des médias sont suspendus ou fermés pour avoir donné la parole à l’opposition ? Si l’autocensure devient la norme, dictée par la peur de représailles ?
En 2025, la menace est aussi celle de la viabilité économique des médias. De nombreux organes de presse peinent à survivre, frappés par la baisse des recettes publicitaires et la disparition de sources de revenus. Derrière chaque fermeture de média, ce sont des dizaines de journalistes précarisés, poussés à l’exil ou réduits au silence. Pour des raisons économiques, la presse écrite est en train de mourir en Guinée. Plusieurs radios n’emettent plus et d’autres cesseront d’émettre si la situation ne change pas. Ce n’est pas normal
Alors oui, il faut parler de liberté de la presse. Mais il faut d’abord sauver le journalisme. Le protéger. Le financer. Le former. Car sans journalistes libres, il n’y a pas de démocratie vivante.
En ce 3 mai 2025, défendons la liberté de la presse. Et rappelons aux autorités que le retour à l’ordre constitutionnel ne pourra réussir que s’il s’accompagne d’un respect réel des libertés fondamentales — au premier rang desquelles figure la liberté d’informer.
Abdoulaye Ciré Diallo